Le gouvernement gabonais a récemment présenté, à travers des rendus architecturaux sophistiqués, son ambitieux projet de Cité administrative : un complexe moderne destiné à regrouper les services publics et ministères au sein d’un même espace urbain. Sur le papier, tout est là : bâtiments imposants, design contemporain, voirie structurée, végétation luxuriante… Une vision séduisante de l’administration de demain. Mais à y regarder de plus près, ce projet suscite autant d’admiration que de scepticisme.
✨ Une promesse de modernité… en images
Le visuel diffusé montre un complexe architectural de haut standing, aux allures de technopole ministérielle : des immeubles vitrés aux normes internationales, des routes dégagées, un urbanisme pensé pour la fluidité, et des espaces verts omniprésents. Le projet semble vouloir refléter un État organisé, tourné vers l'efficacité et la durabilité. C’est une réponse visuelle à la désorganisation structurelle de l’administration actuelle.
❗… mais un parfum de déjà-vu
Cependant, la mémoire collective gabonaise est encore marquée par de nombreux projets étatiques restés à l’état de maquette ou rapidement abandonnés. Des “éléphants blancs”, comme on les appelle familièrement en Afrique, qui peuplent notre histoire administrative récente : zones économiques spéciales sans activité, logements sociaux inachevés, universités fantômes ou zones industrielles promises mais jamais opérationnelles.
Pourquoi celui-ci serait-il différent ? Aucun calendrier précis, aucun plan de financement détaillé, ni aucune garantie de transparence n’ont été communiqués. Le flou reste total sur les mécanismes de réalisation, les maîtres d’œuvre, ou même les bénéficiaires à long terme.
⚖️ Un projet mal calibré ?
À l’heure où les priorités nationales sont claires — accès à l’eau potable, à l’électricité, aux soins de santé et à une éducation de qualité —, un projet de cette envergure pose question. Peut-on réellement justifier des dizaines, voire des centaines de milliards de FCFA pour une vitrine administrative quand les hôpitaux peinent à soigner, que les écoles ferment par manque de moyens, et que les routes sont impraticables dans l’arrière-pays ?
Il ne s’agit pas ici de rejeter tout effort de modernisation, mais de repenser la hiérarchie des urgences nationales.
🔍 Une opportunité si bien pilotée
Ce projet pourrait pourtant être bénéfique, à condition qu’il s’inscrive dans une véritable réforme de la fonction publique, avec un contrôle rigoureux de l’exécution, une transparence dans les marchés publics, et une gouvernance exemplaire. Sans cela, la Cité administrative ne sera qu’une coquille vide, un symbole creux de développement, incapable de répondre aux aspirations profondes des citoyens.
En conclusion
La Cité administrative du Gabon est peut-être l’un des projets les plus emblématiques du paradoxe gabonais : entre ambition moderniste affichée et réalité d’un État qui peine à transformer les promesses en actions concrètes. Il est encore temps d’en faire un modèle de réussite… à condition d’en finir avec l’ère des projets vitrine sans substance.
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