De Goethe à Kandinsky, les plus grands ont glosé sur le spectre. Dans un livre intitulé Alchimies, Frédéric Rossi-Liegibel, directeur des stratégies de l'agence de design global Extrême, affirme pourtant que le sujet n'est pas clos. «Grâce à l'éventail des matières et des techniques, on n'envisage plus les choses de la même façon, explique-t-il. Parler de seulement 11 couleurs n'a plus de sens. On ne peut plus dire: "L'hiver prochain sera violet", mais: "Il sera prune, aubergine ou encre".» A force de nuances et de précisions, la couleur aurait même, selon lui, dépassé la forme. «Désormais, tous les objets ont valeur de beauté, les gens sont donc à la recherche d'un surplus d'émotion que seule la couleur peut apporter.» Eminemment culturelle, cette dernière continue également de jouer son rôle de baromètre de l'époque. Après le rose des années 1950, l'orange des années 1970, le damier noir et blanc du début des années 2000, c'est l'or qui surgit à présent. Passé son entrée fracassante, il se fait plus discret. «A travers l'orangé cuivré et le bronze fumé, il prend un aspect vieilli, plus naturel. Et les objets gagnent en authenticité», constate Laure Malherbe, responsable du cahier couleurs chez Carlin international. D'un autre côté, les tons taupés s'estompent pour des teintes crues et vives. Ainsi, le jaune, l'or du pauvre, longtemps jugé subversif, effectue une percée éclatante. «Nous sommes à un point de passage entre l'ombre et la lumière. Le jaune va venir éclairer d'autres couleurs. Grâce à lui, on assume le bonheur qui nous entoure», prédit Frédéric Rossi-Liegibel. Ce n'est pas trop tôt.
A lire: Alchimies... Couleurs: matières, pigments, lumières, sous la direction de Frédéric Rossi-Liegibel, éd. Extrême. En vente au 107 Rivoli, Paris (Ier), 59 €.
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