A cette loi d'urbanisme, s'ajoute la loi 16/93 relative à la protection et à l'amélioration de l'environnement, la loi 24/83PR du 18 avril 1983 portant sur la surveillance de l'urbanisme et le document publié en mars 2000 « Stratégie urbaine du Gabon » par le Ministère de la Planification et de l'Aménagement du Territoire. Ce dernier a pour objectif, non seulement de concevoir une stratégie de développement urbain durable, mais également concevoir un cadre d'orientations pour des actions opérationnelles tangibles sur le terrain.
II.2.2. Les outils et documents d'aménagement des villes de la province.
La problématique de l'aménagement ou de la gestion des villes du Gabon et singulièrement, celle de la province de l'Estuaire, est un enjeu majeur pour le Gouvernement gabonais.
En effet, plusieurs mesures ont été adoptées pour doter des villes de la province de l'Estuaire des outils capables d'assurer une meilleure gestion des problèmes liés à l'urbanisation croissante. De ces documents, on peut citer: les trois plans d'urbanisme de la ville de Libreville ; les schémas préliminaires d'urbanisme (SPU) des autres villes de la province.
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Processus d'urbanisation et aménagement de la province de l'Estuaire.
II.2.2.1. Les opérations d'urbanisme à Libreville
Libreville, qui est le chef-lieu de la province de l'Estuaire, a fait l'objet de plusieurs opérations d'urbanisme du fait de sa croissance urbaine exponentielle qui cause de graves problèmes liés à sa gestion. En effet, le destin d'une ville n'est rien d'autre que son processus de développement en fonction des plans d'urbanisme qui lui sont appliqués37. De manière succincte et en ne tenant pas compte de nombreux plans sectoriels, la ville de Libreville a déjà fait l'objet de trois plans d'urbanisme et le quatrième, initié depuis 1994, n'est toujours pas bouclé (même si certains des ces principes font déjà office de plan sectoriel)38 et récemment en Mai 2010, les experts gabonais du ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et du logement, associés à ceux du Bureau National d'Etudes Techniques et de développement de Côte-d'Ivoire ont, cinq jours durant, fait un diagnostic assorti de deux esquisses de SDAU.
Ainsi, le premier plan fut initié en 1939 dans le souci des autorités coloniales de créer une zone non aedificandi afin de décongestionner la « ville blanche » trop enserré par de nombreux « villages africains ». Malgré ce plan de 1939 qui était sectoriel, Libreville a suivi sa croissance désordonnée. De même a été initié en 1962 sous la responsabilité de Henri Pottier, le plan portant son nom qui est le deuxième document de ce genre, élaboré pour le développement de la capitale gabonaise, ambitionnait un zonage de l'habitat, des commerces, des affaires, de l'enseignement et du sport, de l'industrie et des espaces verts. Ce plan pensait en principe le développement d'un réseau secondaire permettant de relier les différents pôles d'activités et d'habitats existants ou en projets. Le dernier document de ce genre a été initié en 1965. Ce plan est dénommé, le plan d'Olivo-Prass ou le principe d'un développement de la ville axé sue une seule voie39, prévoyait l'organisation du grand Libreville entre le Cap-Estérias au nord et Owendo au sud tout en confirmant une linéarité de Libreville. L'organisation insufflée par ce plan s'articulait autour d'une voie primaire appelée « voie Express ». Voie sur laquelle un certain nombre d'équipements collectifs, sociaux, ludiques et sportifs devaient être réalisés. C'est ainsi que de nombreuses réalisations urbanistiques 37 H.C ENGO ASSOUMOU, janv. 2007, « Voirie et structures urbaine à Libreville », in Villes en parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, P.159.
38Idem.
39 Ibidem.
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actuelles s'inspirent de ce schéma : lotissements d'habitats d'Avéa II, Charbonnages par exemple, des établissements scolaires et hospitaliers et entre 1970 et 1980, voire même l'aménagement de Nzeng Ayong.
Figure n° 3 : Une schématisation du plan d'Olivo-Prass (bande jaune).
Source : Nziengui Mabila.
A en juger par de nombreuses opérations d'urbanisme effectuées dans l'agglomération de Libreville, depuis 1939 jusqu'à nos jours, on croirait que cette dernière est mieux aménagée, structurée et où il fait bon vivre. Mais le constat est catastrophique lorsqu'on circule dans cette ville. En effet, les différents plans d'urbanisme qui ont été appliqués jusque là, dans la ville, n'ont pas donné des résultats escomptés, du fait non seulement du coût trop onéreux et futuriste, par exemple du plan Olivo-Prass ; la non application intégrale de ces documents qui a entraîné le recours aux projets sectoriels mal ficelés, mais aussi et surtout l'absence de textes et décrets d'application de ces documents de planification urbaine.
En somme, dans ce domaine comme dans le domaine foncier par exemple, le Gabon a des instruments législatifs de qualité, mais devra réduire ses standards pour qu'ils soient applicables. Le fait qu'un SDAU soit à l'étude depuis plus de 4 ans sans être achevé est un anachronisme remarquable, puisqu'en France, qui a
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vraisemblablement servi de modèle pour la loi 3/8140, ce genre de document d'urbanisme n'est plus élaboré, mais remplacé par des «plans de structure»41 beaucoup plus sommaires. En effet, si aujourd'hui, les populations urbaines du Gabon, notamment celles de Libreville, sont aujourd'hui victimes des conséquences de la non maîtrise
urbaine:inondations, des mouvements de terrain, insécurité...
Pour nous le problème n'est pas l'absence de mesures, mais plutôt le manque de volonté politique à appliquer les textes et documents d'urbanisme.
II.2.2.2. Les opérations d'urbanisme dans les autres villes de la province.
Malgré l'abondance relative des opérations d'urbanisme dans l'agglomération de Libreville, les autres villes de la région ont eu l'opportunité d'avoir les schémas préliminaires d'urbanisme (SPU). Ces documents importants de planification urbaine ont été réalisés dans ces villes pour offrir à ces dernières de réelles possibilités de développement urbain. En effet, ces SPU prévoyaient : la destination générale des sols, le tracé des grands équipements, le schéma directeur d'alimentation en eau et en électricité, la localisation des services et des activités etc. Ainsi, les villes de Ntoum, de Kango et de Cocobeach disposent de ses SPU, alors que les communes de Ndzomoé et du Cap-Estérias n'en disposent pas, ils sont inexistants.
Cependant, les opérations d'urbanisme effectuées dans ces villes, n'ont pas été appliquées dans leur entièreté, comme cela s'est révélé dans la ville de Libreville. C'est du moins le constat qui a été fait non seulement par le directeur de l'urbanisme et des aménagements fonciers, par le directeur provincial de l'urbanisme, mais également par nous, lors de nos enquêtes de terrain dans ces localités. En effet, dans l'ensemble de ses villes, l'espace urbain fait l'objet d'une occupation anarchique et désordonnée malgré des projets initialement prévus par ces SPU. A titre d'exemple, les villes de Kango, du Cap-Estérias et de Ndzomoé ne disposent pas d'un service d'urbanisme ni du cadastre pour régulariser l'occupation du sol. Par contre, les communes de Cocobeach,
40 Ministère de la Planification, de la Programmation du développement et de l'Aménagement du Territoire, Programme d'Ajustement et de Planification des Secteurs Urbain et Transports (PAPSUT), Stratégie urbaine au Gabon, p.31
41 Idem.
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d'Owendo et de Ntoum ont dans chacune d'elle, un service qui traite de ses questions dans leurs différentes Mairies.
A partir de l'analyse faite sur le processus d'urbanisation dans la province de l'Estuaire, où nous avons pu saisir l'origine de la création des villes et les politiques mises en place pour le développement de ces dernières, nous serons tenter, dès à présent, de nous poser la question suivante : quel est impact de l'urbanisation sur l'aménagement et le développement de la province de l'Estuaire ? Cette grande interrogation va constituer la deuxième partie de notre travail.
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Figure no 4 : SPU de Libreville.
Source : SDAR, Estuaire.
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Figure n° 5 : SPU de Ntoum.
Source : SDAR, Estuaire.
Ces deux figures présentent les Schémas Préliminaires d'Urbanisme des villes de Libreville et de Ntoum. Ces SPU prévoyaient : la destination générale des sols, le tracé des grands équipements, le schéma directeur d'alimentation en eau et en électricité, la localisation des services et des activités etc. Si quelques projets ont été réalisés, il demeure tout de même que ces SPU n'ont pas été entièrement appliqués, ils ont donné place à une pléthore de projets sectoriels au gré des hommes politiques.
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