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Selon l'architecte gabonnais M. Ntolo Eya'a, le village serait articulé par "trois espaces fondamentaux" : un espace masculin dont le rôle est éminemmant politique, formateur et stratégique ( Abê ou corps de garde); un espace féminin ( Ndê) dont le rôle est économique (la femme étant la garante de la prospérité économique d'un village) ; enfin un espace de liaison( Nseng, la cour) qui est l'intermédiaire des deux premier espaces, complémentaires à l'origine; Les villages traditionnels n'étaient donc pas construits au hasard mais selon n ordre rationnel. Il régnait une harmonie et une sérénité fondées sur les liens de sang et de communauté.
D'après les écrits (1985) de Monsieur Bonaventure Mve Ondo Maître-Assistant à l'université Omar BONGO
L'art plastique gabonais est foisonnant, ne serait-ce que par ses masques, statuaires et ses célèbres reliquaires qui ont été le plus étudiés. On pourrait, au contraire, croire à la pauvreté de l'architecture des peuples du Gabon, malgré une grande diversité de forme qui témoigne d'une certaine adaptation au climat et au sol. Certes des monuments d'architecture traditionnelle n'envahissent pas les villages. Mais il n'est pas rare aujourd'hui, au hasard de randonnées, de trouver encore quelques objets, quelques " cases" remarquables qui peuvent être considérés comme des pièces de musée.
Les principales raisons de l'insuffisance de l'architecture traditionnelle gabonaise tiennent à la fragilité des matériaux et à la faiblesse des hauteurs et des portées des constructions. La terre argileuse et les végétaux sont des matériaux fort précaires et peu fiables. Dans un pays où il pleut beaucoup comme le Gabon, seule la pierre aurait pu résister à la fois au climat équatorial, à la végétation et au temps; mais celle-ci était trop rare et surtout dure, c'est-à-dire difficile à traiter en l'absence de techniques élaborées. Dans le Gabon traditionnel, les techniques de construction relevaient essentiellement, soit de la vannerie, soit d'un mélange des ouvrage de vannerie et de poterie.
Quelles sont-elles, ces constructions traditionnelles ?
Les huttes des Pygmées
Les constructions les plus vielles, mais aussi les plus rudimentaires, sont les huttes des Pygmées, premiers habitants du Gabon. Il s'agit de "cases" curvilignes, faites de branchages plantés dans le sol, entrecroisés et couverts de feuilles. Les Pygmées vivant de chasse et de cueillette, ces huttes correspondaient à merveille à ce peuple de nomades en symbiose avec la nature.
Construite pour y loger une famille, les huttes sont assez petites et le mobilier y est très sommaire : quelques lits autour du feu qui sert à faire la cuisine. La forme curviligne des "cases" trouverait son explication dans cette idée que le cercle traduirait le symbolisme du lien qui relie l'homme à Dieu. Les huttes auraient donc, dès l'origine, une signification religieuse.
Les cases en végétaux
Si les Pygmées ont adopté la forme curviligne, tous les autres peuples du Gabon préfèrent la forme rectangulaire. Celle-ci trouve, de même, son explication sur le plan religieux, tout en restant, bien sûr, la conséquence de facteurs socioculturels. A l'image des temples du Bwiti, La forme des "cases" traditionnelles soulignerait la précarité de la vie terrestre. Si le cercle peut apparaître une forme parfaite, divine, le rectangle est la marque de la "finition" humaine.
Tous les peuples du Gabon connaissent les cases en raphia. Pour les murs et la toiture, ils utilisaient des matériaux végétaux tels que des branchages, des bambous, des lianes, du raphia, des feuilles de bananier, des écorces d'arbres ( pour les murs seulement), etc. Ils climréalisaient avec ces matériaux des constructions fort jolies, complexes et assez solides même si, le plus souvent, la simplicité due au souci de faire vite était la plus recherchée. Le toit reposait sur une dizaine de poteaux en bois. Fourchus à leur extrémité supérieur, ils étaient plantés rectangulaire ment sur le sol.
Ces cases comportaient généralement peu d'ouverture, que l'on fermait par des claies de vannerie ou de bois. Idéales par rapport à l'environnement climatique ( elles entretenaient une fraîcheur certaine), elle demandaient toutefois un entretien fréquent et régulier. Il fallait refaire complètement la toiture tous les deux ans environ, quand il ne fallait pas simplement recommencer toute la construction. Souvent l'habitation servait en même temps de case-cuisine, de case-chambre, de case-temple, de corps de garde. Les cases en végétaux ont une durée moyenne de vie qui ne dépasse pas une dizaine d'années. Rare sont celle qui durent plus d'une génération. Par fatalisme chacun sait qu'il devra construire plusieurs maisons dans sa vie et que rien ne sert de s'acharner à maintenir en bon état une construction qui de toute manière se dégradera.
Les cases en terre battue
Les Gabonais combinaient à merveille deux techniques, à savoir la poterie et la vannerie. Les murs de ces "cases" étaient modelés en terre sur une armature végétale (piliers et charpente en bois avec un clayonnage de bambou dans lequel on introduisait de la terre battue). Ces murs étaient ensuite crépis avec du sable lié à l'argile. Quand tout était sec, on les peignait avec du Kaolin, la toiture était en raphia, comme pour les cases en végétaux.
Généralement plus grande que les autres, les cases en terre battue étaient un signe de richesse. Elle prouvaient aussi l'habilité manuelle du propriétaire-constructeur. Plus spacieuses et plus solides que les autres, elle présentaient quand même des inconvénients identiques, en simple, enparticulier l'usure des matériaux employés, tant pour le toit que pour les murs.
D'abord, les couvertures n'étaient pas tout à fait imperméables : la plus simple en feuilles de Raphia tressées, ne protégeait de la pluie qu'un an ou deux. Ensuite l'ossature et la charpente, en bois locaux, étaient rarement de bonne qualité, de sections trop faibles et jamais traitées contre les insectes et les intempéries. En outre, l'ensemble de la construction se détériorait par la base. Cela commençait par l'ossature en bois. Plantées à même le sol, elle " pourrissaient" souvent en moins de dix ans.
Enfin, les parois en écorces d'arbre ou en terre battue étant également peu durables, tant elles craignaient l'eau. D'une façon générale, l'ossature finissait toujours par se dégrader et l'édifice se ruiner. Aujourd'hui encore, ces "cases" ne doivent pas être regardées en elles-mêmes. Elles font partie intégrante d'un ensemble architectural plus vaste. Multipliées, plus ou moins diversifiées en formes et en dimensions, elles constituent l'habitation ou plutôt le village ( Dzé en dialecte FANG) qui, lui, est développé dans l'espace. Organisation économique, le village est construit sur la base de la division du travail.
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